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Le silence des livres de George Steiner

George Steiner : Philosophe, essayiste et romancier né à Paris en 1929. Ses parents, d’origine juive viennoise, lui donnèrent une éducation polyglotte et l’initièrent très tôt aux grands textes classiques : il n’avait pas six ans que son père lui transmettait son goût du grec ancien en lui faisant croire qu’un des passages les plus éblouissants de l’Iliade n’était pas traduit en allemand. C’était la naissance d’un des grands lecteurs du XXe siècle.

Pour quiconque connaît l’œuvre de Steiner, son amour du livre est incontestable. Néanmoins une question le taraude : Pourquoi l’Occident, malgré la culture, a-t-il produit la barbarie ? Dans un premier temps, George Steiner relate l’histoire du livre, son évolution technique (tablette d’argile, papyrus ou papier), son importance dans le destin de l’Occident : la Bible en est évidemment la référence centrale, aussi bien que les grands fondamentaux, d’Aristote à la philosophie contemporaine ; enfin, la littérature et l’Âge d’or du livre.

George Steiner s’intéresse ensuite à ceux qui semblent avoir voulu la fin du livre, au nom de la supériorité de la transmission orale, des charmes d’une innocence rousseauiste ou de l’utopie révolutionnaire. Enfin, il aborde les nouvelles menaces : la censure, les nouvelles technologies, la révolution électronique qui creuse davantage encore le fossé entre littérature du savoir et littérature du pouvoir.

La réponse de Michel Crépu, Ce vice encore impuni, met en lumière cette relation de désir au livre, d’amour du sens inépuisable, et l’éventualité d’une fin, la peur, voire la haine. Il en résulte une expérience très paradoxale de la vulnérabilité du livre : ce qu’on éprouve, c’est la puissance de cette fragilité. C’est l’expérience même de la lecture qui est en jeu.