Zone Temporaire Noétique

Menu

Jour : 24 août 2018

le siège de la Mecque

Avec certains de ses témoins clés, retour sur l’insurrection occultée qui a ciblé en 1979 la Grande Mosquée de La Mecque et sur sa répression sanglante, menée avec le soutien secret de la France. Dirk van den Berg livre un exceptionnel récit de l’intérieur, tirant un à un les fils historiques, politiques et géostratégiques de cet événement spectaculaire et oublié.

Le 20 novembre 1979, à l’aube, un commando de plusieurs centaines d’hommes lourdement armés, accompagnés de femmes et d’enfants, prend possession de la Grande Mosquée de La Mecque et transforme le sanctuaire le plus sacré de l’islam en une forteresse. À sa tête, un Saoudien, Juhayman al-Otaibi, prédicateur issu d’une tribu bédouine marginalisée, qui exige l’abdication de la famille royale, l’expulsion de tous les étrangers impies et le retour du pays à un islam pur. Des milliers de pèlerins prennent la fuite, mais plusieurs centaines d’autres sont piégés à l’intérieur, durant un siège qui va durer quinze jours. La famille régnante commence par imposer un secret absolu puis, la situation s’éternisant, en appelle à ses alliés occidentaux. C’est finalement le GIGN français qui aidera en secret l’armée saoudienne à combattre les insurgés, notamment en lui fournissant plus de 300 kilos de gaz lacrymogène. Au total, le bilan des combats au sein de la Grande Mosquée s’élèverait à des milliers de morts, même si le régime saoudien en reconnaît moins de trois cents. Après l’exécution sans procès des rebelles, il va s’efforcer de faire oublier au pays et au reste du monde cet épisode sanglant, tout en intensifiant la répression de toute forme d’opposition.

Récit de l’intérieur
L’ex-chef des services secrets saoudiens Turki al-Fayçal, membre de la famille royale, le journaliste Khaled al-Maeena, le fils du général qui a dirigé l’assaut des forces saoudiennes (lequel offre au réalisateur les vidéos des combats qu’il cherchait depuis cinq ans), d’anciens frères d’armes de Juhayman, un très influent prédicateur djihadiste basé en Jordanie, Abou Mohammad al-Maqdisi, l’ancien attaché militaire américain à Djedda, Mark Hambley, les ex-GIGN Christian Prouteau et Paul Barril, les chercheurs Madawi al-Rasheed et Pascal Ménoret… : grâce à ces témoins et à leurs archives personnelles, Dirk van den Berg livre un exceptionnel récit de l’intérieur, tirant un à un les fils historiques, politiques et géostratégiques de cet événement spectaculaire et oublié. Il révèle ainsi un pan d’une réalité complexe, celle d’un pays fermé d’ordinaire aux regards extérieurs.

Réalisation : Dirk van den Berg
Pays : France
Année : 2018

Être forêts, habiter des territoires en lutte de Jean-Baptiste Vidalou

Du bois du Tronçay à celui de Sivens, de Notre-Dame-des-Landes aux Cévennes, au Mexique ou au Canada, les expériences d’habitat en milieu forestier se multiplient. Les auteurs de ce livre sont allés à la rencontre de ces forêts et de celles et ceux qui les défendent. Ils y ont découvert des continents innombrables, des sentiers inédits, des êtres ingouvernables : toute une géographie depuis laquelle il était enfin possible de respirer.
Depuis une dizaine d’années, que ce soit dans les bois de Sivens, à Notre-Dame-des-Landes, à Bure ou dans les Cévennes, il est évident qu’il se passe quelque chose du côté de la forêt. Certains ont commencé à habiter ces espaces, avec la détermination de sortir du monde mortifère de l’économie. Un tout autre rapport au monde s’y bâtit, à l’opposé de cette science militaire qu’est l’aménagement du territoire – ici contre un barrage, là contre un aéroport, ou une extraction de biomasse.
Ce n’est pas qu’une affaire locale : les paysans du Guerrero au Mexique se battent depuis plus de dix ans pour libérer leurs forêts des exploitants, les trappeurs du peuple cri du Canada défendent la forêt boréale de Broadback contre la déforestation, les Penan de Bornéo s’arment de sarbacanes contre les compagnies de plantation de palmiers à huile… Partout des luttes résonnent de cette même idée : la forêt n’est pas une réserve de biosphère ou un puits de carbone.
La forêt, c’est un peuple qui s’insurge. Nous sommes allés à la rencontre de ces forêts et de celles et ceux qui les défendent. Nous y avons découvert des continents innombrables, des sentiers inédits, des êtres ingouvernables. Toute une géographie depuis laquelle il était possible, enfin, de respirer.